VIC-LER
Participants du LVMT :
- Responsables scientifiques :
Manon Eskenazi
- Mariane THÉBERT
Axes de recherche du LVMT :
Axe 2 « Stratégies d’acteurs et action publique »
Début : 01/2023
- Fin : 12/2024
Financements publics et / ou privés (hors appel à projet)
Commanditaires
- DGITM
Le projet
La ville cyclable sera-t-elle lente ou rapide ? Intérêt et limites du développement des Réseaux Express Vélo dans les agglomérations françaises
Depuis les années 2010, la généralisation de l’injonction à décarboner la mobilité a profondément modifié la formulation des enjeux d’action publique associés aux mobilités actives. La mise en place d’un « système vélo » (Héran, 2018) apparait aujourd’hui comme une des voies susceptibles de modérer la dépendance automobile. Plusieurs collectivités ont décidé d’aménager un Réseau Express Vélo ou, selon la terminologie du Cerema, un « réseau cyclable à haut niveau de service ».
Malgré le choix d’une terminologie française qui fasse référence au monde des transports collectifs, ce dispositif est dérivé du concept d’« autoroute à vélo » (« cycle superhighways »), développé aux Pays-Bas dans les années 1990 et d’abord diffusé en Allemagne et au Danemark dans les années 2000. Il se caractérise par des itinéraires cyclables les plus directs et rectilignes possible, sûrs et confortables, limitant les croisements à niveau et suffisamment larges pour permettre le doublement. Outre la sécurisation de la pratique, l’objectif est de permettre une vitesse constante minimisant la dépense d’énergie. A partir de ces caractéristiques essentielles, la déclinaison sur le terrain de ces réseaux express selon les pays et les villes peut manifester des variations (Lagendijk et Ploegmakers, 2022). Le modèle danois s’est ainsi différencié progressivement du modèle néerlandais. En France se posent aujourd’hui les mêmes questions qui ont auparavant suscité la réflexion dans ces pays : où placer le curseur entre ségrégation et intégration des flux modaux ? Quel est le bon degré de hiérarchisation du réseau et de perméabilité de ses différentes composantes aux territoires traversés ? Quelle cohabitation entre les publics et entre les vitesses ? Jusqu’à quel point faut-il s’inspirer du référentiel technique largement fonctionnaliste qui a présidé à l’instauration du système automobile pour faire advenir un système vélo ? Quels autres dispositifs d’aménagement de la rue/voirie (par exemple zones de rencontre) doivent être mis en place parallèlement aux réseaux express ? Or, en France comme dans ces pays, la promotion du vélo en France passe par une stratégie « multiniveaux » impliquant plusieurs échelons d’action publique. Ce projet de recherche se propose d’explorer sur plusieurs terrains (agglomérations françaises) les modalités et le produit de cette mobilisation croisée autour des réseaux express. La présence d’une ville moyenne dans les terrains permettra d’explorer les enjeux spécifiques de la promotion du vélo dans ces configurations urbaines a priori favorables à la pratique (distance modérée des trajets) mais où la dépendance forte à l’automobile souligne la nécessité de politiques multimodales et intégrées (Puchaczewski, 2020 ; Roudier, 2019). L’Île-de-France et l’Ille-et-Vilaine sont des terrains permettant d’apprécier la coordination interterritoriale à d’autres échelles que l’intercommunalité et l’influence de ces échelons sur la mise en œuvre des politiques cyclables locales. Enfin, il sera nécessaire de visiter un réseau « étalon » au Danemark ou aux Pays-Bas pour apprécier l’influence du modèle extérieur, parfois décisive dans la structuration des politiques locales favorables au vélo (Bidordinova, 2021)