Les femmes photographes ne font sans doute plus peur aujourd’hui pour reprendre le titre d’une exposition récente qui interrogeait leur place et leur rôle dans l’histoire (Qui a peur des femmes photographes ? Musée d’Orsay 2016). Les femmes cinéastes sont quant à elles désormais suffisamment nombreuses pour qu’aucune ne fasse plus figure d’exception dans le milieu du cinéma. La diffusion massive des appareils de prises de vue (y compris via les téléphones portables) a en outre étendu le champs des pratiques visuelles « amateurs » en faisant une place plus grande aux femmes et à leurs documentations personnelles. Les spécificités sociales, politiques, poétiques de leurs démarches n’ont toutefois que trop rarement été étudiées en particulier depuis le champs des études urbaines qui nous réunit.
Ce nouveau programme du collectif Penser l’urbain par l’image vise la production d’un état des lieux des pratiques de production visuelle des femmes dans une double perspective : historique (notamment par une analyse des pratiques d’archives) et contemporaine (par la mise en discussion collective des réalisations récentes ou en cours des membres de notre groupe étendu aux artistes et chercheur·e·s qui lui sont associé·e·s comme Eliane de Latour, Vivianne Perelmuter, Isabelle Ingold, Aurélie Petrel …). Nous n’affirmons pas que les images produites par les femmes diffèrent de celles des hommes, mais nous faisons l’hypothèse que l’existence d’une contre-culture visuelle féminine et plus précisément féministe, c’est à dire se positionnant comme une relecture critique des rapports sociaux de sexes et de leurs effets de domination, mérite d’être interrogée dans la perspective d’une anthropologie des savoirs urbains.
Sans avoir été ni décidée, ni explicitement formulée comme un enjeu, l’intersection ville / femme / photographie&cinéma est constitutive de notre collectif. Il nous semble désormais utile de questionner ce qui se joue dans cette concordance des marginalités symboliques au sein des études urbaines : une marginalité de la photographie et du film par rapport à d’autres images dominantes dans ce champs du savoir comme la cartographie ; une marginalité symbolique des femmes en ville dont de nombreux travaux attestent depuis ceux pionniers de Jacqueline Coutras que leur conquête des espaces urbains restent, ici comme ailleurs, encore bien souvent inachevée.
Rendre compte de ces enjeux à partir des pratiques visuelles nous semble porteur d’un renouvellement des approches désormais nombreuses qui associent la ville et la question du genre. Le programme articule un séminaire franco-allemand et des expérimentations photographiques et filmiques correspondant à une démarche de recherche-création.
Partenaires
Le collectif Penser l’urbain par l’image associe le LVMT, le Lab’Urba, AUSSER, le LAVUE et des chercheuses, chercheurs et artistes indépendants.
Participent au projet :
Sylvaine Conord, anthropologue – photographe, LAVUE (Nanterre)
Cécile Cuny, sociologue – photographe, Lab’Urba
Alexa Färber, anthropologue, Université de Vienne
Lucinda Groueff, architecte-urbaniste, vidéaste, Lab’urba
Clément Luccioni, doctorant, Lab’urba
Laetitia Overney, Sociologue, ENSA Belleville
Vivianne Perelmuter, cinéaste
Aurélie Pétrel, photographe, HEAD (Lausanne)
Mina Saïdi-Sharouz, architecte – cinéaste, ENSA La Villette
Hortense Soichet, photographe, Lab’Urba