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Les recherches du Laboratoire Ville, Mobilité, Transport (LVMT) se situent à l’intersection de l’aménagement, l’urbanisme, la géographie, l’économie, la sociologie, l’anthropologie et les sciences de l’ingénieur. Les « Mots du LVMT » sont une démarche collective initiée en 2016 par Florent le Néchet. Elle réunit désormais une cinquantaine de membres (actuels ou anciens) du laboratoire (chercheurs, enseignants-chercheurs, doctorants, post-doctorants, ingénieurs de recherche, ingénieurs d’études et chercheurs associés) autour d’un défi commun : expliciter, seul ou à plusieurs, les termes mobilisés dans nos recherches, en les replaçant dans les grands débats académiques et sociétaux. Nous avons regroupé les Mots autour de cinq thématiques, qui renvoient à des transversalités structurantes de notre activité de recherche : Services et Infrastructures de mobilité / Inégalités et Invisibilités / Rythmes et Modes de vie / Transition et Planification territoriale / Modélisation, Evaluation et Représentation. A la lecture, on réalisera que les Mots ne sont pas toujours ceux qu’on attend, qu’à un même Mot peuvent correspondre plusieurs sens, que les emprunts et hybridations entre disciplines sont féconds, que certains Mots ne concernent pas tout à fait les transports, ni les mobilités, ni les villes… à première vue seulement ! Mais aussi que le travail que nous avons entrepris ne sera, et c’est heureux, jamais terminé ! La coordination et la mise en œuvre des « Mots du LVMT » est actuellement assurée par : Anne Aguiléra, Manon Eskenazi, Florent Le Néchet, Thomas Quillerier et Mariane Thébert, ainsi que Sandrine Fournials pour la mise en ligne.
Plusieurs travaux de recherche au LVMT s’intéressent à rendre visible ce qui est invisible dans la mobilité, c’est-à-dire à mettre en lumière ce qui n’est pas manifeste. Une partie de ces recherches s’attache à porter l’attention sur certains groupes, personnes ou minorités invisibilisées dans l’espace public et plus largement dans la société. C’est le cas des travaux sur la mobilité des femmes liée au travail domestique, des personnes âgées et des enfants ou encore des personnes réalisant des trajets interurbains. L’invisibilisation de ces groupes sociaux est le résultat d’un processus social et politique amenant à une faible prise en compte des pratiques de mobilité de ces personnes dans la planification et l’organisation de la ville par les décideurs politiques. Elle créée également des formes de discrimination des personnes concernées, notamment par leur exclusion des espaces publics du fait de l’inadéquation de l’aménagement. L’invisibilisation de ces pratiques de mobilité, propre à des rapports de domination structurants les sociétés contemporaines, amène à des inégalités et des injustices (économiques, spatiales, sociales, politiques, etc.). Elle renforce la vulnérabilité des individus face aux aléas environnementaux ou économiques. La seconde invisibilité est d’ordre scientifique et, per se, sociale. La production des savoirs scientifiques sur la mobilité est concomitante de la structuration des sciences dans les sociétés contemporaines. Un deuxième pan de recherches au LVMT cherche ainsi à explorer et à rendre visible des sujets de recherche et sociaux moins explorés, pourtant centraux dans l’organisation quotidienne de la mobilité et proposant des « pas de côté » par rapport à la structuration contemporaine des mobilités. Rendre visible c’est ainsi questionner par la théorie nos rapports à la vie, aux espaces-temps. C’est adopter des postures méthodologiques et théoriques permettant de quantifier ou de qualifier des inégalités et des injustices encore peu visibles scientifiquement liées au genre, à l’âge ou encore à la classe.
La dizaine de mots proposés dans cette catégorie invite à approcher différents temps de la fabrique et du fonctionnement des systèmes territoriaux et des mobilités, de la modélisation à l’évaluation des mobilités, en passant par les représentations propres à nos rapports à la mobilité et à sa constitution comme objet de recherche. Qu’ils aient été publiés lors de la première édition des mots du LVMT ou lors de la seconde, se dégagent plusieurs thématiques d’actualité, tant dans la recherche que dans le monde, et en particulier un prisme environnemental important, qui reconfigure progressivement l’appareil conceptuel et méthodologique des chercheurs et chercheuses du laboratoire. Les mots de la MER (Modélisation, Evaluation, Représentations) ont ici une dominante méthodologique afin de pouvoir modéliser, évaluer et représenter les systèmes territoriaux, les systèmes de transport et de mobilité. Approcher ces systèmes c’est parfois adopter une approche quantitative dans le but d’analyser les processus et les dynamiques propres au domaine de la mobilité et aux systèmes territoriaux considérés. Les recherches qualitatives, ou celles qui croisent les deux, dites « méthodes mixtes », sont aussi en plein essor au laboratoire. Qui dit système dit aussi analyser la capacité des acteurs de la mobilité et des transports à prendre des décisions pour, par exemple, la planification de leurs infrastructures. C’est aussi chercher à comprendre les représentations qui animent les acteurs (collectivités locales, opérateurs, usagers, etc.) pour les systèmes territoriaux et les mobilités passés, présents ou futurs. C’est, enfin, d’un point de vue du processus de recherche, d’inventer sans cesse des manières de collecter, de structurer et d’analyser les données dans différents espace-temps.
Le tournant de la mobilité caractérise depuis les années 2000 un changement de paradigme dans les rapports des personnes à l’espace et au territoire. Se déplacer est devenu une injonction (ou norme) dans les sociétés contemporaines, en particulier dans les pays des Nords. Tourisme, loisirs, travail… tous les motifs sont concernés, consacrant une accélération généralisée et sans précédent de nos rythmes et modes de vie. Les Mots regroupés ici sous l’intitulé « Rythmes et Modes de vie » constituent un pan de recherche émergent au LVMT, qui interroge notre rapport aux temps individuels et collectifs. Ces réflexions offrent de nouvelles et précieuses clés de lecture dans l’analyse des mobilités, des transports et des territoires. Hybridant plusieurs cadres théoriques (sociologie du temps, time geography, chrono-urbanisme, biographies de mobilité, etc.), elles renouvellent des interrogations essentielles telles que la place du travail dans nos programmes d’activité et les rapports de nos sociétés à la vitesse. Elles portent aussi de nouveaux débats sur les enjeux et modalités d’adaptation des transports et des territoires à la diversité croissante de nos pratiques spatio-temporelles. Elles nous interrogent, enfin, sur la façon dont l’adaptabilité et la résilience des sociétés face aux crises environnementales remet en question les rythmes et modes de vie contemporains.
Les notices présentes dans cette catégorie s’intéressent à la matérialité de la mobilité à travers trois entrées : les infrastructures, les objets de la mobilité et les services. Elles questionnent les liens entre les fonctions techniques des objets et infrastructures et leurs fonctions sociales. Opérant en systèmes, les infrastructures permettent le mouvement des biens et des personnes à différentes échelles, et nécessitent une multitude d’éléments humains, matériels et immatériels pour fonctionner. L’arrivée du numérique a ajouté une couche infrastructurelle supplémentaire, un espace immatériel intimement imbriqué avec l’espace physique. Les recherches menées au LVMT portent le regard sur sur le matériel et l’immatériel pour resituer les objets techniques et les services dans les systèmes socio-techniques et mieux analyser les politiques et les pratiques qu’ils soutiennent. Les infrastructures et les objets techniques contribuent également à créer des imaginaires de la mobilité. Les entrées de cette catégorie explorent ces imaginaires, qu’ils soient nouveaux ou anciens, et leur potentiel de transformation des espaces et des manières de se déplacer. Des modes de déplacement low-tech aux innovations technologiques, elles interrogent l’articulation des infrastructures, des véhicules et des services qui (re)composent les systèmes de transport.
Les notices de cette section explorent les dynamiques territoriales en lien avec la reconfiguration des activités et l’évolution des systèmes territorialisés de transport de voyageurs et de marchandises. Ces changements affectent l’engagement des territoires dans la transition et les conditions d’accès des populations aux différentes aménités dont dépend leur quotidien. Elles reconfigurent donc profondément les enjeux d’action publique dans bien d’autres domaines que la mobilité, et soulèvent des questions de gouvernance interterritoriale et de mise en cohérence des politiques publiques dont elles viennent souvent souligner les limites et ambiguïtés. Les différents objets abordés peuvent être des catégories de territoires, des catégories d’action publique, des modèles d’aménagement ou même des notions dont les variations d’usage et la dimension heuristique sont décortiqués. Les analyses qui en sont faites partagent des interrogations transversales telles que les reconfigurations du jeu d’acteurs, les rapports de pouvoir ou de coopération entre institutions et échelons d’action publique, les conflits d’usages et de fonctions du territoire, la nécessaire prise en compte des modes de vie et des inégalités socio-spatiales dans la planification, l’imbrication des échelles et les relations entre périmètres institutionnels, fonctionnels mais aussi de projet. Sans prétendre apporter des solutions définitives et illusoirement universelles, ces notices esquissent des pistes pour repenser la gouvernance, les outils et les objectifs d’une planification territoriale répondant aux enjeux de transition socioécologique.