En Île-de-France, alors que la part d’actifs pouvant choisir leur horaire d’arrivée au travail ne cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies, les horaires d’arrivées au travail sont de plus en plus concentrés au moment de l’heure de pointe du matin. Pour expliquer ce paradoxe apparent, j’ai mis en avant le poids des contraintes de couplages (horaires des écoles, horaires de la première réunion) et des préférences personnelles (synchronisation familiale et amicale en fin d’après-midi). Mais l’apport le plus original de la thèse est certainement celui concernant le poids du contrôle social au travail qui dissuade les salariés d’adopter des horaires de prise de poste considérés comme tardifs et mal vus. Sur le plan théorique, à mi-chemin entre la géographie du temps et la sociologie du temps, ce résultat plaide pour un décloisonnement disciplinaire.
Il invite à intégrer les cadres conceptuels de la sociologie pour comprendre la persistance des heures de pointe, alors que ce sujet était jadis réservé à l’ingénierie du trafic. Sur le plan opérationnel, en dévoilant les entrelacs organiques de la synchronisation au travail, quelques pistes opérationnelles sont proposées pour désaturer les transports à l’heure de pointe du matin.
Guidées par une approche compréhensive et centrée sur les temporalités du quotidien, nos investigations s’appuient sur les résultats d’un questionnaire (3202 répondants) et d’entretiens (29) réalisés auprès de cadres du pôle d’activité de la Plaine Saint-Denis. Le doctorat a fait l’objet d’une Convention Industrielle de Formation par la Recherche (CIFRE) avec la SNCF.
Les principaux résultats de la thèse sont consultables dans une courte vidéo publiée par le Forum Vies Mobiles.
Biographie, parcours
Je suis chargé de recherche du Ministère de la Transition Ecologique. En tant que Chrono-Urbaniste, j’étudie les pratiques de mobilité et les modes de vie sous l’angle du temps.
J’ai beaucoup travaillé sur la problématique de la saturation des transports aux heures de pointe, vue sous l’angle de la synchronisation des horaires de travail. Aujourd’hui, j’étudie la désirabilité de politiques de mobilité faisant la part belle à la décroissance. Ici, la décroissance est vue sous l’angle, entre autres, du ralentissement des vitesses de déplacement et de la décélération des rythmes de vie.
Plus généralement, je cherche à identifier les optima sociaux d’usage du temps, en faisant l’hypothèse que le temps n’est pas (que) de l’argent. Les transports ne peuvent avoir comme unique fonction la maximisation des opportunités. Dès lors, à quelle vitesse rouler ? A quelle heure arriver au travail ? A quelle fréquence réaliser des déplacements internationaux ?
Voici le type de questions que je me pose en tentant de dépasser l’appréhension purement économique des temps du transport. En intégrant les objectifs de qualité de vie et de préservation du Vivant, je propose in fine de nouvelles formes d’évaluation de l’utilité des infrastructures et des politiques de transport.
Mes recherches visent donc deux principaux objectifs :